Ubuntu Touch est un système Linux adapté aux écrans tactiles. Il équipe notamment la BQ Aquaris M10 Ubuntu Edition, une tablette 10 pouces de milieu de gamme que nous avons récemment testée. Que vaut cette éventuelle alternative à Android ou iOS ? Il y a de bonnes idées mais…
Une surcouche de Linux Ubuntu
Ubuntu Touch peut être présenté comme une surcouche du système d’Ubuntu, un OS open source basé sur la distribution Linux Debian. Ubuntu est promu par l’éditeur Canonical et la fondation Ubuntu. Ubuntu Touch est implémenté sur l’Aquaris M10 Ubuntu Edition, une tablette 10 pouces du constructeur BQ (lire notre test). À noter qu’il anime également un smartphone de la marque, lancé en 2015.
A LIRE : test complet de la BQ Aquaris M10 Ubuntu Edition |
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Une interface originale, sans bouton physique ou virtuel
La logique d’Ubuntu Touch est assez différente de celle d’Android. Tout d’abord, on note l’absence totale de boutons virtuels ou physiques. C’est un peu déconcertant au début pour un utilisateur habitué à Android mais on s’y fait très vite, notamment parce que le lanceur d’applications reste toujours accessible. De plus, dans certains écrans, une flèche (en haut à gauche) permet de revenir en arrière.
Un lanceur d’applications sur la gauche
Le premier geste à retenir, c’est un glissement à gauche de l’écran, vers la droite, qui permet d’accéder au lanceur d’applications, en forme de menu vertical. Celui-ci contient toutes les applications et scopes (concept sur lequel nous reviendrons) qui ont été « épinglés ». Il est toutefois possible de les détacher d’un simple geste (après avoir appuyé longtemps dessus).
Un écran d’accueil avec tiroir d’applications
L’une des applications du menu (qui est en fait un scope) donne accès à un écran que l’on peut assimiler à un bureau ou à un tiroir d’applications. On y trouve en effet toutes les applications installées sur la tablette et il est possible de les ouvrir par une simple pression. Sachant que toute nouvelle application ouverte se retrouvera automatiquement épinglée dans le menu/lanceur. Cet écran contient également un lien vers le magasin Ubuntu, qui propose d’autres applications.
Les scopes : davantage que des applications, des environnements thématiques
On accède aux scopes à partir de l’écran d’accueil, par un glissement en bas de l’écran, vers le haut. Ce geste est d’ailleurs également possible dans certaines applications mais il affiche alors un contenu contextuel. Les scopes sont des environnements qui s’affichent en plein écran et qui peuvent être assimilés à des groupes d’applications et de documents, autour d’un thème donné. Par exemple, le scope "Vidéo" montre les dernières vidéos sur Youtube ou Vimeo, ainsi que les dernières vidéos ouvertes, présentes dans l’espace de stockage de la tablette. L’écran d’accueil de la tablette est lui-même un scope, qui montre donc les applications installées et donne accès au magasin Ubuntu. Ce dernier est aussi un scope. Un autre scope baptisé "Aujourd’hui" ressemble un peu à Google Now. Il affiche en effet la météo, l’agenda du jour ou encore, les actualités. Ce concept de scope est intéressant mais leur nombre est encore réduit.
Un système multitâche qui s’affiche en 3D
Ubuntu est un système multitâche. Ubuntu Touch l’est donc également, du moins en principe. Un glissement à la droite de l’écran, vers la gauche, permet d’ouvrir les différentes tâches ouvertes, représentée en 3D. On peut ainsi passer d’une tâche à l’autre, chacune correspondant à une application ou un scope. On se rend compte à l’usage que le mode multitâche est restreint. Les applications ne semblent pas vraiment tourner en tâche de fond. Par exemple, la lecture d’une vidéo sera interrompue lorsqu’on passera à une autre application. Il vaut donc mieux parler d’accès aux applications ouvertes plutôt qu’aux tâches du système.
Un mode desktop multifenêtre mal adapté au mode tactile
Dans le menu de paramétrage, un bouton permet de communiquer vers un mode desktop multifenêtre. D’un seul coup, chaque application se retrouve alors dans une fenêtre indépendante qu’il est possible de déplacer et redimensionner indépendamment des autres. Il faut toutefois être très habile de ses doigts car la barre des fenêtres et la zone qui permettent de les étirer sont assez petites. Pour gagner en précision, il est certes possible de connecter une souris sur le port microUSB, mais ce n’est pas franchement l’esprit du système, à moins qu’il soit un jour implémenté sur des tablettes hybrides de type Microsoft Surface.
Un système de notifications classique mais efficace
Le système de notifications ressemble assez à celui d’Android. On y accède par un glissement en haut à droite de l’écran, vers le bas. Comme sur Android, on trouve non seulement les notifications mais aussi tous les menus de paramétrage. Les notifications souffrent toutefois de certaines limitations. Par exemple, dans le cas de Gmail, on voit apparaître les derniers messages mais une pression sur l’un d’entre eux ne permet pas de les ouvrir directement dans l’application Gmail, qu’il faut donc lancer manuellement.
Des web applications orientées tablette et mode tactile
Techniquement, presque toutes les applications conçues pour la tablette et le mode tactile ne sont en réalité que des sites web encapsulés. On peut donc parler de web applications. Par exemple, dans le cas de Gmail, on retrouve au pixel près la même interface que dans la version web, à ceci près que le navigateur est devenu invisible. Ce n’est pas forcément un problème, dès lors que les services web sont bien conçus. Mais on note que c’est la version PC de Gmail (en l’occurrence) qui s’affiche, et non la version mobile que l’on voit, par exemple, dans Chrome sous Android.
Certaines applications sont toutefois davantage que des web applications. C’est le cas du navigateur web. Il offre le minimum vital, dont les onglets. Le lecteur vidéo est également une application native. Il a lu correctement toutes nos vidéos mais leur lancement est assez long, comme s’il prenait le temps de les charger intégralement en mémoire vive.
Un clavier virtuel bien conçu et un clavier USB reconnu en AZERTY
Toutes les applications orientées tablettes déclenchent l’apparition d’un clavier virtuel, dès que l’on touche un champ de saisie. On peut d’autre part connecter un clavier USB physique, reconnu par défaut en QWERTY mais qu’il est possible de passer en mode AZERTY dans les paramètres du système.
Des applications Ubuntu natives exécutables mais pour l’heure inexploitables
En marge des applications réellement conçues pour la tablette, Ubuntu Touch donne accès à des applications desktop natives, c’est-à-dire exactement les mêmes que celles que l’on exécute sur un PC sous Ubuntu. On a ainsi essayé la suite bureautique Libre Office, le navigateur Firefox ou le logiciel de retouche et de dessin Gimp.
Mais ce test a vite tourné court, pour deux raisons. Tout d’abord, compte tenu de la petite taille et la résolution élevée de l’écran, les menus sont microscopiques, donc incompatibles avec une utilisation tactile. D’autant qu’il est impossible de les zoomer. D’autre part, contrairement aux applications pour tablettes, il est impossible de faire apparaître un clavier virtuel. La connexion d’un clavier physique aurait pu sauver la mise. Il fonctionne bien mais reste désespérément en mode QWERTY (le mode AZERTY ne fonctionnant donc que pour les applications Ubuntu Touch).
Un magasin Ubuntu encore pauvre en applications
Le magasin Ubuntu donne comme son nom l’indique accès à une bibliothèque d’applications, natives ou pas, ainsi qu’à des scopes. Avec seulement quelques centaines d’applications et scopes, il ne peut pour l’instant pas rivaliser avec Google Play.
Un système encore instable et parfois lent
Durant notre test, nous avons constaté de fréquents plantages, notamment dans Gmail ou dans l’application photo. Ces plantages nous ont forcés à rebooter complètement la tablette, ce qui prend environ 20 s. Nous avons aussi constaté d’importantes latences, aussi bien dans les applications que dans l’interface du système.
Selon BQ, certains défauts seront prochainement corrigés
Nous avons contacté BQ, constructeur de l’Aquaris M10 Ubuntu Edition, pour signaler l’impossibilité, avec les applications Ubuntu natives, de faire apparaître un clavier virtuel ou de configurer en AZERTY, un clavier physique externe connecté en USB. La réponse de BQ : « ces deux points ont été identifiés et devraient être solutionnés lors d’une prochaine actualisation. Comme vous le savez, il s’agit de la toute première tablette convergente avec Ubuntu. Elle ne cessera d’évoluer dans le temps grâce à Canonical et à la communauté Ubuntu. » A suivre.
Résumé
Un système encore très immature
Ubuntu Touch propose des idées intéressantes et se révèle réellement bien adapté aux tablettes. Mais il souffre tout d’abord d’une certaine instabilité. Nous avons en effet constaté de nombreux plantages lors de nos tests. D’autre part, la possibilité de faire tourner des applications desktop est intéressante mais celles-ci se révèlent totalement inutilisables. Enfin, l’écosystème encore endémique représente un autre point faible. Pourtant, ce système est original et prometteur. Et il a le mérite de proposer une alternative à Android et iOS 8. Mais en l’état, Il souffre d’une grande immaturité. Pour combler ces lacunes, BQ mise sur l’émergence d’une dynamique au sein de la communauté Ubuntu.
On a aimé | On n’a pas aimé |
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Pour l’instant mon passage d’android à Ubuntu Touch est difficile à vivre…
Plus possible d’écrire en faisant glisser le doigts (sauf erreur de ma part)
Et l’application de contact ne propose que d’importer les contacts via la carte sim et gmail (un comble)
Mais il semble qu’il existe une ou des solutions mais cela me semble encore bien compliqué (explications en anglais et il faut utiliser les ligne de commandes sur le pc et le smartphone…)
Vais persister encore un peu… Mais dur dur…